Le 17 novembre, ce sera la journée mondiale de la prématurité. Tristement, cet évènement rend hommage à environ 13 millions d’enfants qui naissent trop tôt, à ce jour, à travers le monde. C’est donc une naissance sur dix. C’est énorme. Au Québec, selon les données de l’institut national de santé publique du Québec datant de 2008, on dénombre autour de 6000 naissances prématurées annuellement, soit 7.7% des accouchements. Je fais partie de ces statistiques; je suis maman de deux adorables garçons nés avant terme. Je vis en ce moment ma quatrième grossesse à risque d’accouchement prématuré. C’est donc avec beaucoup d’émotions que j’écris ce billet aujourd’hui pour tous ceux qui ont envie de le lire, mais surtout pour les futurs parents qui vivent présentement l’incertitude ou ceux qui ont traversé cette épreuve.
Être à risque d’accouchement prématuré ou en menace de travail pré-terme (MTPT), c’est comme marcher sur la corde raide. Chaque minute, chaque jour est teinté d’incertitude et de crainte. On vit de petits objectifs, on se félicite de pas grand chose. On a beaucoup de mal à ne pas penser au pire et on voudrait tant le meilleur. À chacune de mes grossesses à risque, j’ai eu l’étrange sensation de jouer à une loterie de mauvais goût. Quel horrible sentiment que d’avoir l’impression d’abandonner son enfant, ou d’être incapable de le protéger d’un danger imminent! C’est notre devoir de mère de protéger notre rejeton du méchant lion, mais pourquoi a-t-on le sentiment que le lion, c’est nous? Et pour les femmes qui donnent naissance à leur trésor bien trop tôt, c’est la consternation la plus totale. Pourquoi moi? Qu’est-ce que j’ai fait qu’il ne fallait pas? Les questionnements fusent de toutes parts et les sentiments de culpabilité et d’échec s’entremêlent. Comment ne pas se sentir coupable? Et pourtant… S’il y a bien une chose qui est difficile à expliquer présentement, c’est le pourquoi du comment de l’accouchement prématuré. Bien des hypothèses sont émises, mais sachez que pour la moitié de ces naissances, on en ignorera toujours la cause réelle. Ce n’est pas votre faute.
On ne peut s’empêcher de s’inquiéter pour notre bébé mais ce n’est pas très utile. Que nous reste t-il donc? Le lien avec cet enfant. S’il n’est pas encore né, il faut lui parler, lui expliquer, le rassurer. Prenez le temps de communiquer avec lui. Comment se sent-il? Quelle énergie il vous envoie? Dites-lui ce que vous ressentez, ce qui se passe, quelles sont vos craintes et laissez-le vous dire ce qu’il en pense à son tour. Un néonatalogiste de l’hôpital Sainte-Justine avait dit à ma mère, lorsque mon frère est né, qu’il remarquait une différence entre les prématurés qui « savaient » ce qui les attendait, contrairement à ceux qui étaient nés spontanément, sans avertissement. Les premiers étaient plus gros, plus forts, se débrouillaient mieux avec moins d’aide. Rien de scientifique ici, sauf que je dois avouer que j’y crois beaucoup. Je l’ai observé avec mes propres enfants ainsi que ceux de mes clients qui ont vécu cette situation. Ça me confirme que la communication avec le bébé in utero est primordiale. Ce n’est pas vrai qu’on ne peut rien faire, on peut se préparer et préparer son enfant! Et lorsqu’on n’en a pas eu l’occasion, il n’est jamais trop tard. Ce dont un préma a besoin, bien au-delà des soins médicaux, ce sont ses parents. La voix de sa mère, son toucher, sa chaleur, sa présence. Beaucoup de parents d’enfants nés avant terme ont l’impression d’être incompétents face à tout ce personnel et cette machinerie. Je les entends dire que les infirmières sont mieux placées pour s’occuper de leur bébé. Que c’est faux! Elles ont beau être douces, gentilles et pleines de connaissances, elles ne peuvent en aucun cas avoir autant de bienfaits sur le prématuré que ses propres parents. Informez-vous sur la méthode kangourou, et insistez pour pouvoir la pratiquer. Le contact peau à peau est quasi-miraculeux pour votre enfant. Il stabilise son rythme cardiaque, l’aide à conserver sa chaleur, diminue son stress et sa perception de la douleur en plus d’optimiser sa saturation en oxygène. Quoi qu’on vous dise, vous ne fatiguez pas votre bébé, vous ne dérangez pas votre bébé, vous lui faites un bien fou. Vous ne le savez peut-être pas, mais il vous en remercie chaque fois. J’ai le souvenir d’avoir tant regardé la machine maudite avec mon petit deuxième. Ce n’était pas toujours très joli. Mais quand je l’avais en peau à peau, surprise! Toutes les données étaient presque parfaites. Que ça fait du bien pour un cœur de maman… N’allez pourtant pas croire que je n’ai jamais reçu de commentaires déplacés ou déplaisants. On m’a même dit de ne pas allaiter mon enfant parce que je n’en avais pas l’autorisation signée du médecin. Elle me connaissait bien mal, celle-là! Tout ça pour vous dire de vous faire confiance et de faire confiance à votre enfant. Soyez présents et aimez-le. Si vous n’êtes pas convaincus que ce que vous faites fait une différence, regardez la machine! Vous verrez bien.
En terminant je veux que ayez de l’espoir. Être en MTPT ne signifie pas que vous accoucherez avant terme, et si c’était le cas, sachez que la très grande majorité des prématurés s’en sortent bien. D’ailleurs mon frère, né à 26 semaines, est maintenant un grand ado de 17 ans qui fait suer sa mère comme il se doit. Ce n’est pas un bel exemple, ça?
T’as réussi à me donner le moton ma belle… et me faire revenir dans mes émotions, face au moniteur qui nous en a fait voir de toutes les couleurs avec les 3 gars!
J’adore ton blog
Comme tu écris bien Jessie! Je ne te l’avais pas encore dit, mais tu sais tellement mettre les mots qu’il faut. Je n’ai pas vécu ce que tu as vécu…j’ai vécu autre chose…mais en te lisant, je peux comprendre ce que tu vies. Je regrette que tu ne puisses pas faire partie de ma 2e aventure, mais je veux que tu saches que je penses très fort à toi et que je te souhaite que tout aille pour le mieux!
Sophie xxx
Touchant! Ton texte devrait être remis à tous les parents qui vivent avec le risque ou qui viennent de donner naissance à un enfant prématuré.
Merci beaucoup les filles!
@Tania: J’ai pensé à toi et à toutes les autres en l’écrivant. Tes gars sont tellement une belle preuve de prémas qui s’en sortent bien… malgré les heures d’angoisse! Beaux coeurs :)
Les yeux dans l’eau… ;0)
Tu as toujours les mots justes…
Je pense à toi et te souhaite le meilleur,
Roxy x
Bonjour Jessie
Je suis en parfait accord avec tes lectrices. Tu décris très bien ce qu’une mère peut vivre et ressentir en ces moments « délicats » disons.
En plus d’apporter les statistiques tu rajoutes ton opinion et ton vécu personnel.
Convaincue que tu viens en aide à beaucoup de mères et de parents qui vivent cette situation.
Bonne semaine
Ma tante Danie xxxxx
Que dire de plus que ouf!
Dire qu’avec ma fille, je me considérais comme périmée parce que j’étais rendue à 41 semaines… J’en suis venue à regretter ce sentiment… car avec mes jumeaux j’ai crevé la poche des eaux pour l’un d’eux à 18 semaines… Des semaines d’angoisses, va-t-il avoir des poumons en sortant… vais-je me rendre à la viabilité et une fois ce jalon passé, vais-je me rendre encore une semaine plus loin??? J’ai perdu du liquide, visité l’urgence à de multiples reprises à toutes heures pour des pertes de sang, des monitorings, etc, pour finalement être envoyée en ambulance dans un centre hospitalier avec néonat le soir de Noël… pour y rester un mois, à devoir avoir des échos à toutes sortes d’heures parce que les bébés bougeaient peu, ou je perdais encore du sang, etc… à voir ma fille et mon chum que 2-3 heures par semaine… Enfin, les contractions qui commencent, mais il est trop tôt, je ne suis qu’à 28 semaines, mais rien a faire, l’infection gagne le liquide, je dois accoucher d’urgence, toute seule en salle d’opération parce que le papa n’a pas le temps de se rendre… il arrive comme ses fils quittent pour la néonat, entourés de fils, de tubes et de tonnes de gens, il ne peut même pas les toucher ou bien les voir, il peut juste observer la scène de loin et pleurer en se posant 1001 questions… Finalement, après 3 mois d’hospitalisation, Éloi et Léo sont avec nous, depuis maintenant 6 mois… et ils pètent le feu, du caractère ils en ont à revendre! :)
je suis actuellement en train de terminer mon mémoire sur l’accompagnement des parents d’enfants prématurés et plus spécifiquement la première rencontre avec la maman !! j’ai trouvé votre témoignage très touchant !! je voulais vous poser une question : pensez vous que le peau à peau avec le papa ou la maman est différent pour le bébé? d’après mon enquête, les quatre maman interrogées ont besoins de voir, toucher, porter et enfin mettre leur enfant en peau à peau , êtes vous d’accord avec ça? est ce bien l’ordre que vous avez ressenti? merci pour vos réponses !!
Je suis totalement d’accord! Quand j’ai eu ma fille à 35 semaines et qu’elle est partie pour l’unité néonatale de l’hôpital le plus proche j’aurais aimé t’avoir lu ainsi! J’aurais plus su quoi faire!
Merci à toutes!
@Mélanie: J’avais le coeur serré en vous lisant. Quel bonheur de savoir vos garçons en pleine forme! Beaucoup de bonheur à vous tous!
@marina: je pense que c’est vraiment du cas par cas, mais il est vrai que le peau à peau avec la mère est très important pour elle comme pour l’enfant. C’est aussi une merveilleuse façon pour le père de s’occuper du petit alors que les autres soins sont souvent prodigués par le personnel, et l’enfant s’y sent tout autant en sécurité qu’avec la mère. Les bienfaits du peau à peau sont présents avec les deux parents.
Bonjour Jessie,
Je viens de voir ce que vous avez écrit sur les prématurés… Quelle belle sensibilité de maman, quelle belle façon d’écrire! J’ai vis le texte sur mon site tout à l’heure et j’ai déjà eu un commentaire <3… Bravo! Vo enfants sont comblés… et votre mère est fière! Je la comprend!