Comme je l’ai fait précédemment pour l’allaitement, j’ai décidé aujourd’hui de faire le point sur 10 idées préconçues qui circulent à propos de la grossesse et de l’accouchement. Le choix n’a pas été facile… elles abondent! Voici mes préférées du moment.   

 

1. Il faut prendre 11 à 13 kg (25 à 30 lbs) durant la grossesse.

À moins d’une condition particulière nécessitant un suivi plus serré, le mot d’ordre est : pas de stress. Chaque femme a des besoins différents selon sa morphologie, son niveau d’activité physique, son état de santé, etc. Comment peut-on quantifier le poids idéal à prendre pour toutes? Ce qui importe en période prénatale, c’est de 1- respecter ses signaux de faim et de satiété, et de 2- se nourrir d’aliments qui ont une bonne valeur nutritive, et de les varier.  Ainsi, que vous mangiez moins, que vous mangiez plus, vous et votre bébé aurez ce dont vous avez besoin et la prise de poids sera idéale… pour vous. Afin d’en savoir plus, lisez mon billet Trop grosse, ou pas assez?

2. Pas de nausée, c’est mauvais signe!

Environ 50% des futures mamans font la divine expérience des nausées et vomissements (NVG) en début de grossesse (et 20% d’entre-elles ont tellement aimé l’expérience, qu’elles ont décidé de poursuivre au-delà du premier trimestre!). La moitié des grossesses n’impliquent donc pas ce joyeux désagrément, et ce, en toute normalité. Il est faux de croire que les nausées gravidiques sont l’unique indice d’une saine progression de l’hormone  de gestation, la béta-hCG, puisque personne ne peut assurer qu’elles en soient la cause exacte. Si vous ne souffrez pas de NVG, ne cherchez pas l’arnaque, vous êtes simplement… chanceuse! (Et si elles vous rendent la vie difficile, jetez un œil à l’article : Grossesse : J’ai mal au coeur!).

3. Les grossesses se suivent et se ressemblent.

Eh bien non, les grossesses se suivent mais ne se ressemblent pas; chacune est unique! Cela peut être déstabilisant voire inquiétant lorsqu’on attend notre deuxième bébé et que nos repères ne valent plus rien ou à peu près. Il faut garder en tête que le bébé que l’on porte est différent du précédent et que notre corps réagit différemment. Et c’est tout à fait normal! Cessons de comparer et de se comparer, et profitons du fait que ce petit être nous marque à sa façon, dès le début.

4. Enceinte, il ne faut pas consommer de miel.

Cette croyance découle de la mise ne garde concernant l’ingestion de miel chez les bébés âgés de moins d’un an. Il est vrai que la recommandation actuelle est d’éviter d’offrir du miel à ces enfants puisque les spores d’une maladie potentiellement mortelle, le botulisme, peuvent coloniser l’intestin du petit et provoquer l’infection. Cependant, le risque de colonisation au Clostridium botulinum est très faible chez l’adulte. Sauf en cas de maladie gastro-intestinale, les futures mères peuvent manger du miel pasteurisé ou non, sans problème. C’est une excellente alternative au sucre raffiné d’ailleurs!

5. La date prévue d’accouchement.

Disons-nous les vraies choses : la date prévue d’accouchement (DPA), ça ne veut pas dire grand-chose. D’ailleurs, quel mauvais choix de mots! Date possible d’accouchement, d’accord, mais date prévue? Une grossesse est considérée à terme entre 37 et 42 semaines. Ce qu’on observe, c’est que les bébés naissent bien souvent au cours de la 40e semaine, et en début de 41e. Sept à dix jours APRÈS la DPA. Sachant à quel point les émotions et le moral maternel sont précieux, il est primordial qu’on remette les pendules à l’heure à propos de cette date aléatoire rebaptisée. Besoin d’un discours d’encouragement? Le mythe de la date prévue d’accouchement est tout indiqué!

6. Petit bassin (ou gros bébé) = césarienne.

Je vais être technique ici : vous pouvez avoir ce qui semble être un petit bassin vu de l’extérieur, et avoir beaucoup d’espace dans votre « bassin intérieur ». L’inverse est aussi vrai. De plus, cette région est très mobile chez la femme, précisément en fin de grossesse sous l’effet de la relaxine qui détend ligaments, cartilages et alouette. Le mouvement et le changement de positions représentent les meilleurs alliés de la femme qui donne naissance, et du petit bébé qui travaille fort pour trouver son chemin.
Lorsqu’un bébé de fort poids est suspecté, il faut se rappeler que le gras se trouve sur le corps, et que du gras, c’est mou. Si la tête passe, le reste passe comme on dit. Et la nature a plus d’un tour dans son sac : elle s’est dit « faisons naître les bébés avec une ossature crânienne non fixe et très mobile ». De cette façon et avec la position que prend le petit à la sortie, les os se chevauchent pour prendre un minimum d’espace et permettre la naissance.

7. J’accoucherai comme ma mère/ ma sœur/ ma tante…

La façon dont on accouche, ce n’est pas héréditaire (heureusement pour plusieurs!). Certaines conditions ayant une influence sur la naissance peuvent l’être, mais de manière générale, cette idée préconçue est à reléguer aux oubliettes. En ce qui concerne la durée des grossesses, il n’y a aucune information probante qui peut confirmer une tendance héréditaire pour l’instant, même pour la prématurité. Oubliez l’accouchement de 50 heures de votre mère, et celui de 3 heures de votre aïeule. Faites-vous confiance.

8. Aucune mobilité n’est possible avec la péridurale!

L’anesthésie péridurale, ou épidurale, entraîne une sensation de lourdeur et de faiblesse dans les jambes. Il devient rapidement impossible de se tenir debout et de marcher. Selon la dose, il peut même être ardu de rester dans certaines positions, comme à quatre pattes. Est-ce une raison pour demeurer immobile? Pour le bien de l’accouchement… non! Avec un peu d’aide, il existe de nombreuses positions pouvant être adoptées malgré l’anesthésie, et qui favorisent le bon déroulement du travail. La méthode du Dr. Gasquet est une piste, votre accompagnante à la naissance en a plusieurs autres. L’utilisation d’un petit coussin gonflable, des étriers, des draps d’hôpital permettent des tonnes de possibilités! Informez-vous!

9. La perte du bouchon muqueux annonce un début de travail imminent.

Il est tenace ce mythe! Le bouchon est un amas de glaires et de sécrétions qui tapissent le col utérin pour éviter que les bactéries nocives se rendent plus loin. Dès que le col se modifie, le bouchon peut se désagréger et commencer à filer. On ne le perd donc pas d’un seul coup. Comme il est fréquent que le col de l’utérus commence à se transformer au troisième trimestre, cela veut dire que plusieurs femmes expérimenteront des pertes de bouchon plus ou moins abondantes en fin de grossesse. Pour moi, c’est un bon signe puisque cela signifie que le corps se prépare, mais pas qu’il est prêt à donner naissance dans les prochaines heures. Il peut s’écouler plusieurs semaines même, entre la fameuse perte et l’accouchement. Un bémol toutefois, c’est un bon signe si, jusque là, le col était non favorable et que tout à coup se pointent des glaires de bouchon muqueux…

10. À l’accouchement, vous n’avez pas le droit de…

Connaissez-vous le document Grossesse et accouchement – Droits des femmes publié par l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ)? Toute femme qui s’apprête à donner naissance devrait en prendre connaissance. Ce qu’il en ressort, c’est que les « pas le droit » et « pas le choix » n’ont pas lieu d’être; les parents doivent être informés et ils peuvent prendre leurs propres décisions. Plusieurs interdits courants, comme celui de manger ou boire durant le travail, sont considérés comme des pratiques utilisées à tort par de grands organismes tels que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada. Futurs parents, faites vos devoirs parce que vous avez votre part de responsabilité, et vous avez des droits.

Il y en a d’autres que vous aimeriez clarifier? Écrivez-nous et je vous promets une suite.