maman-bebe-accouchement-mere-et-mondeVoici aujourd’hui le récit d’accouchement que nous partage Isabelle, superbe naissance à laquelle j’ai eu l’honneur d’assister.

2 décembre, lendemain de ma date prévue d’accouchement. Je fais mon insomnie habituelle accompagnée de mes douleurs au bassin des dernières semaines. Malgré tout, j’apprécie toujours ma bedaine, je ne suis pas pressée.

4h30 am : je m’endors…
Peu de temps après, je sens une douleur vive me prendre au ventre et ça m’oblige à me concentrer pour respirer en m’accrochant à mon oreiller. Je ne comprends pas ce qui se passe parce que ça ne commence pas de façon douce et paisible; l’inquiétude et l’incertitude sont au rendez-vous.  

Je laisse aller en me disant que ça doit être autre chose, mais le doute est là.  Je retrouve mon calme, mais ça recommence.  Instinctivement, je respire, je grogne et je m’accroche encore à mon oreiller. Je le fais 2-3 fois avant de prévenir mon chum pour lui dire que j’ai possiblement de vraies contractions.  Il est fébrile et décide de se préparer.  Ça semble vrai, c’est régulier et très douloureux, mais mon cerveau le nie.

Vers 6h30 am, on appelle mon accompagnante à la naissance, Jessie, pour la mettre au courant de la situation et on s’entend pour essayer le bain comme soulagement et pour vérifier la « véracité » du travail.  Une fois dans le bain quel bonheur! Les contractions ne riment plus avec douleur, je grogne toujours mais on en rit.  Le temps passe et mon chum décide d’en compter quelques-unes : je suis maintenant autour de 5 minutes pour une durée de 30 secondes.

7h30 am : 3 minutes pour 45 secondes, j’ai besoin de toute ma concentration pour bien les prendre et ne pas les subir. Mon chum et Jessie décident alors qu’il faut quitter, surtout que je sens une forte pression. Dans ma tête je vais accoucher dans les prochaines minutes, ça pousse!  Mon chum s’empresse de nous faire partir.

On quitte rapidement pour l’hôpital qui est à 20 minutes de route. Je maudis la voiture durant le trajet : je suis incapable de prendre mes contractions!  Mon chum me donne sa main afin de m’aider, sans succès. À un feu rouge, je hurle ma contraction sous le regard perplexe du conducteur de l’autre voiture.

À l’hôpital, ça ne va plus, je souffre et je ne contrôle plus rien!  C’est digne d’un film, je hurle de douleur en arpentant les corridors.  La maternité m’attend, on me déshabille et on m’installe en vitesse pendant que je subis seule mes contractions (mon conjoint est parti stationner la voiture)… j’ai peur, je veux mon chum, mon accompagnante, la panique s’installe.

La résidente m’examine et m’annonce que je suis dilatée à 4 centimètres et demi, je m’effondre, j’ai trop mal! L’examen terminé, je perds beaucoup de sang, une vague de sang!  Un mauvais souvenir de ma 31e semaine où j’ai eu un décollement placentaire. Je suis inquiète! Et mon chum n’est pas arrivé… Le médecin est là et me parle de césarienne.  Je pleure, j’ai très mal, j’ai peur et je martèle que je refuse la césarienne!  Mon chum arrive, constate le sang, tente de me rassurer, de me dire que je vais accoucher comme prévu. On s’active autour de moi, il y a trop de monde! Je suis terrorisée à l’idée de la césarienne, mes contractions me rentrent dedans!

Avec quelque chose dans le regard qui me rassure, elle m’aide à me calmer

Jessie me trouve au son à son arrivée sur l’aile de maternité ;) .  Le personnel lui explique la situation pendant que ça coule toujours, je suis terrorisée.  Elle s’installe près de moi, avec quelque chose dans le regard qui me rassure, elle m’aide à me calmer,  à me reprendre en mains pour bien gérer mes contractions et avoir confiance en moi pour accoucher.  Ça coule toujours mais cette fois c’est la poche des eaux. Fiou!

Je dois rester couchée sur le côté gauche et Jessie m’aide à prendre mes contractions une à la fois, à entrer dans ma bulle, à faire le vide pendant qu’elle me fait un point de pression alors que de l’autre main je serre de toutes mes forces celle de mon chum (qui deviendra bleue et enflée!)  Entre les contractions, je pars ailleurs…  J’entends mon chum et Jessie, au loin.

Les examens sont horribles, ils amplifient ma douleur, que je fais savoir, et ils me découragent parce que je n’ai pas l’impression que ça avance. Je me dis que je n’arriverai pas à passer au travers!  Mais Jessie sait me faire trouver l’énergie et la force de continuer.

J’ai atteint ma limite, je n’en peux plus.

Le temps passe, les contractions ne me lâchent plus. J’ai beau serrer le fameux peigne de plastique dans ma main pour épargner celle de mon chum, respirer, grogner, je n’en peux plus. Je vomis mes contractions, je suis détrempée, j’ai mal, ma contraction est sans fin… Je veux la péridurale, je n’ai plus de contrôle sur la douleur….  J’ai atteint ma limite, je n’en peux plus.

11h30 am: on m’examine avant la péridurale ce qui accentue la douleur. Je suis à 6 centimètres et demi. Je reprends MA position sur le côté, l’anesthésiste est là et procède sans me bouger.  La péridurale fonctionne! Je retrouve le sourire, je parle! Je sens toujours les contractions, mais je peux les prendre en grognant sans les subir.  Trente minutes plus tard, je suis à 8 centimètres et Bébé descend bien.

À 13h00, je sens que je veux pousser, non je DOIS pousser, c’est viscéral.  L’examen le confirme : c’est le temps!  Je suis excitée et concentrée sur ce qui me reste à faire.  C’est parti! Je ferme les yeux et je pousse le plus longtemps possible, décidée à faire sortir mon fils.  Pendant 45 minutes je vais pousser avec toutes les forces qui me restent sous les regards encourageants de mon chum et Jessie. Je sens mon fils glisser en-dedans de moi, c’est surréaliste.  Je sais ce qui se passe tout en n’y croyant pas! La tête est là, Jessie me demande si je veux la toucher. Je soulève mes doigts, mais leur lourdeur les ramène sur le lit.  Entre chaque poussée je « dors » pour refaire le plein d’énergie.

13h45, mon fils de plus de 4.5 kg est déposé sur mon ventre. Il m’observe et le bonheur m’envahit. J’ai ce petit être tout chaud contre moi sans pour autant y croire. J’ai accouché MOI-MÊME de MON bébé, il est enfin là!  Je suis figée par l’émotion, j’ai l’impression de rêver tout en sachant que c’est vrai!  Je pleure de joie, de soulagement car j’ai RÉUSSI mon AVAC!

* accouchement vaginal après césarienne