bebe-naissance-montrealJe me suis enfin pointé le bout du nez aujourd’hui, à 11h05 du matin, alors que ma maman, Mélissa, était enceinte de 40 semaines et 5 jours. On se trouvait et on se trouve encore, au sein d’un hôpital québécois, entourés, avec bienveillance et amour, de mon papa, Jonathan, de Dr Roy, notre médecin consciencieux, de Murielle, notre gentille infirmière ainsi que de Gabrielle, notre précieuse accompagnante à la naissance. Oh ! Comme j’appréhendais l’idée de découvrir tous mes sens comme la vue d’un néon aveuglant et le froid de la planète terre ! Il faut dire que j’étais si bien, en « cocooning », dans le ventre douillet de ma chère génitrice.

En lune de miel durant la grossesse et la rencontre de notre accompagnante à la naissance

Je filais en effet le parfait bonheur, d’autant plus que je sentais que ma maman, mon papa et mon grand frère, Maxim, étaient aux petits oignons avec moi. Je voguais, dans l’obscurité, au gré des vagues du liquide amniotique, tel un voilier sous un ciel illuminé d’une paisible lune. Souvent, mes parents me parlaient ; papa avait appris à masser maman (à mon grand bien-être), mon grand frère se prenait pour Picasso en jetant sur papier un portrait de ma « binette » et ils mettaient de la musique pour mieux communiquer avec moi. Ça fonctionnait à merveille ! J’appréciais particulièrement les moments où maman savourait des bleuets sauvages du Saguenay ainsi que des crêpes au sirop d’érable. Miam ! Même si je ne comprenais pas encore à quoi servait un plan de naissance et que je me sentais quelquefois bousculé quand maman se mettait sur le ballon d’exercice pour préparer l’accouchement, j’ai tout de même saisi qu’ils faisaient cela pour moi. J’ai même appris à reconnaître la douce voix de Gabrielle, au fil de la grossesse, lors de cours prénataux privés au sein de notre maison. Si bien… que je ne voulais pas naître !

L’art du lâcher prise, avant l’accouchement

Maman est allée consulter un acupuncteur, sous les recommandations de notre accompagnante à la naissance. Pauvre elle ! Elle a dû affronter sa peur des aiguilles ! Mais je dois avouer que j’ai apprécié les endorphines libérées durant les traitements, une hormone de bien-être et de relaxation. Force est d’admettre que l’entêtement de maman à me faire naître, sous les précieux conseils et l’écoute empathique de Gabrielle, a eu raison de moi. Je sentais que maman était effrayée à l’idée d’un déclenchement artificiel du travail (comme son accouchement précédent). Je devais faire de moi un petit homme et affronter ma peur. J’ai décidé de me frayer un chemin pour me faire descendre, tête première, dans son utérus… Ce fut le début d’une aventure haute en émotions ! Je ne le vous dis pas !

Un accouchement rapide et moins douloureux qu’imaginé : « fiou ! »

Alors, soyons brefs, je vais vous éviter mes états d’âme détaillés et ceux de mes parents. Vers 3h du matin, maman a réveillé papa parce qu’elle sentait des contractions. Elle n’avait pas crevé ses eaux pour autant. Maman savait que ce n’était pas le principal signe de travail parce qu’elle avait lu « Nos cours prénataux à la maison », aux Éditions de l’Homme. Elle a ainsi sommeillé jusqu’au petit matin, sous les conseils de Gabrielle jointe par téléphone vers 3h15. Mais dès 6h, oh, la, la ! La pauvre, elle a rapidement senti des crampes douloureuses à intervalles réguliers de 15 minutes. De mon côté, je me sentais pris au cœur de la prémisse d’une tempête. Heureusement, maman respirait à fond durant les contractions pour mieux nous oxygéner. Pour vérifier que c’était du vrai travail, elle s’est fait couler un bain. Papa a téléphoné nos grands-parents pour faire garder Maxim. Une heure plus tard, sous les recommandations par téléphone de Gabrielle, nous filions à l’hôpital… Fiou ! Je ne vous dis pas les nausées que nous avons ressenties, à travers les nids de poule de la route, maman et moi ! Mais, nous nous sommes rendus à temps. Maman et papa savaient que souvent, le travail de l’accouchement était rapide pour un deuxième bébé. Une fois rendus à la maternité, maman s’est fait ausculter par l’infirmière ; s’en ai suivi un toucher vaginal. Le col utérin de maman était dilaté à 4 cm. Force est d’admettre que je faisais un grand effort pour enfin voir mes parents de mes propres yeux puisque j’avais réussi à fixer ma tête dans le bassin de maman.

Rassurer maman et papa

Mais je ne vous le dis pas, l’anxiété me montait à la tête… Maman commençait à perdre pied et papa devenait nerveux aussi. Heureusement, Gabrielle s’était rendue entre-temps à l’hôpital pour nous rassurer. Elle a ainsi soutenu maman dans ses respirations et elle a guidé papa pour qu’il masse le sacrum de sa dulcinée… Quelques minutes plus tard, le calme était relativement revenu dans la chambre, sous les mélodies jazzées de Diana Krall et sous des effluves d’huile essentielle de lavande. Maman s’était réfugiée dans l’eau paisible d’une baignoire, la soulageant ainsi de mon poids. Murielle, notre infirmière, qui veillait sur nous au niveau médical, était soulagée de voir à quel point maman gérait bien ses contractions ; elle devait s’occuper de quatre couples de parents en même temps. C’était sûrement la pleine lune ! Or, rapidement, le col utérin de maman s’est dilaté jusqu’à 7 cm, sans qu’elle ait le temps de prendre la péridurale. Il faut dire que papa l’aidait à adopter des postures confortables d’accouchement et lui faisait sucer des glaçons pour soulager la douleur. Gabrielle veillait également à conserver l’intimité de mes parents, dans la pénombre, et encourageait avec douceur, maman, dans son « marathon ». En sentant que le travail s’amplifiait, elle est toutefois allée chercher l’infirmière dans une autre chambre, laquelle a appelé Dr Roy rapidement.

Une naissance expéditive !

J’avais en effet décidé de longer le tunnel de l’utérus de maman ; je me suis laissé porter par une tempête de contractions dans l’élan d’un réflexe naturel. Courageux, je me suis accroché à l’idée du plaisir que maman et papa éprouveraient lors de notre rencontre physique. 20 minutes, plus tard, je me trouvais dans les bras de maman ! Oh, quelle ne fut ma stupéfaction ! Comme elle était jolie même si elle était décoiffée et en sueurs ! Toutefois, ensuite, j’ai vraiment eu besoin que mes parents me rassurent tour à tour dans un contact peau à peau. Je ne vous dis pas à quel point il est étrange de ressentir des frissons et d’être aveuglé par un néon. Heureusement, mes parents ont demandé à tamiser la lumière, après ma naissance. Sur ce, je vous quitte. Je m’endors, après avoir bu un peu de colostrum du sein de maman. Encore une fois, Gabrielle a été d’un grand soutien. Elle a aidé mes parents à changer de chambre pour la période postnatale, pendant que Muriel vérifiait mon état et notait mon score d’APGAR. Bref, même si je suis épuisé, je suis bien en vie et en santé ! On va reprendre des forces dans le cadre d’un repos récupérateur, après l’accouchement. Mon grand frère et mes grands-parents peuvent encore nous attendre un peu, après tout…