On est au cœur de la période des Fêtes, et les occasions de partager une bonne bouffe avec les proches sont multipliées. Je ne pouvais passer à côté de l’occasion d’écrire sur les fameux aliments « interdits » durant la grossesse…
En effet, je constate que le discours sur le sujet est assez catégorique et culpabilisant – pas le droit de ci, pas le droit de ça – et les futures mères sentent qu’elles n’ont pas le choix de se priver sans se voir offrir d’alternative. Essayons donc d’y voir un peu plus clair (et de se donner des répliques aux commentaires qui viendront immanquablement).
Qui dit réjouissances de fin d’année dit bien souvent potluck. Et dans un potluck, ou repas-partage, il y a des pâtés, des terrines et des fromages parce que ce n’est pas compliqué. Quel est le risque pour la femme enceinte que vous êtes? Principalement, il s’agit de la listériose, infection contractée suite à une exposition à la bactérie Listeria monocytogenes.
Celle-ci est tuée à la chaleur, mais pas à la congélation. Si vous êtes inquiète, vous pouvez choisir de consommer des fromages pasteurisés ou alors de manger ceux au lait cru, une fois chauffés (en raclette, en fondue, etc.), et préparez vos propres terrines et pâtés.
Ce n’est vraiment pas sorcier… et bien meilleur! Si vous choisissez de consommer la version du commerce, sachez que la possibilité qu’il y ait présence de Listeria est plus grande avec les produits réfrigérés, qu’avec les produits en boîte, conservés à la température de la pièce (et traités à la chaleur).
Au point de vue nutritionnel, les charcuteries n’ont pas grand-chose à nous apporter, sauf du plaisir gustatif. Étant une foodie moi-même, je ne peux qu’être d’accord avec vous : le plaisir de manger, c’est primordial!
Je conseille à mes clientes qui souhaitent s’offrir des viandes froides tout en réduisant le risque de contracter la listériose, de les faire réchauffer préalablement et de les manger chaudes ou froides (en les remettant au frigo), ou d’opter pour des charcuteries séchées.
Tant qu’à être dans la possibilité d’infection à Listeria monocytogènes, parlons sushis et huîtres. Tous les sushis cuits à une température de plus de 50o devraient être sécuritaires, si les variétés de poissons utilisées ne sont pas connues pour contenir des quantités de plomb alarmantes.
Il existe d’autres risques liés à la consommation de poisson cru, comme une contamination aux parasites Anisakis, à E. Coli, à la salmonelle, au Staphylococcus aureus, alleluia! Ces infections ne sont pas propres aux femmes enceintes cependant, et elles provoqueront les mêmes symptômes, c’est-à-dire crampes intestinales importantes et fortes diarrhées.
Le riz utilisé est aussi controversé, à cause de la prolifération bactérienne importante lorsque la quantité de vinaigre est inadéquate. Encore une fois, pourquoi ne pas préparer vous-même vos sushis? Vous serez assurée de la fraîcheur des ingrédients, et que la chaîne de froid n’a pas été brisée. Pour les huîtres, mon talon d’Achille, vous pouvez les chauffer ou utiliser des huîtres fumées. Celles-ci contiennent d’ailleurs beaucoup plus de zinc que dans la version nature. Ça y est, je salive!
La préparation des aliments est, quant à moi, plus inquiétante que certains ingrédients. La dinde décongelée à température de la pièce, la mayonnaise laissée trop longtemps sur le comptoir, puis remise au frigo et utilisée pour les canapés, la mauvaise cuisson de la viande… Il importe d’être prudent et ce, pour tous les invités.
Advenant que vous mangiez un aliment contaminé par une préparation non sécuritaire, vous auriez une bonne intoxication et les risques pour le bébé découleraient de votre état (déshydratation, etc.), contrairement à la toxoplasmose et à la listériose qui infectent directement le fœtus in utero.
Même chose pour l’infection à la salmonelle, crainte avec les volailles et les œufs coulants entre autres : la mère sera très malade, mais la bactérie ne se rend pas directement au bébé. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’en méfier! Chacune doit se servir de son jugement, selon la situation.
À titre informatif, le blanc de l’œuf a plus de chance d’être contaminé, alors vous pourriez choisir votre œuf coulant, mais avec un blanc bien cuit.
Qu’est-ce qu’on boit au beau milieu du réveillon? Comme je n’aime pas trop radoter, je ne parlerai pas d’alcool aujourd’hui. Je vous invite plutôt à lire l’article : Grossesse : Boire enceinte ou durant l’allaitement ? Un petit thé? Un café? Une tisane? La caféine, comme la théine, doit être prise avec modération.
Éloignez vos breuvages qui en contiennent des aliments riches en calcium parce qu’elle en diminue l’absorption (tout comme le fer!). Privilégiez les cafés espresso aux cafés filtre; le premier contient environ 89 mg de caféine, versus 179 mg pour celui infusé à l’aide d’un filtre.
Santé Canada recommande de s’en tenir à 300 mg par jour. À vous de voir! Les tisanes maintenant. On entend souvent que la camomille est à éviter en période prénatale. C’est la grande camomille qui devrait être mise à l’écart. Si vous ignorez laquelle se trouve dans votre infusion, il est prudent de l’éviter.
La menthe poivrée ne fait pas l’unanimité non plus. Autrement, vous pouvez boire sans problème des tisanes préparées avec de l’ortie, du framboisier rouge, de la mélisse officinale, de la cataire, de l’avoine, de l’églantier, du gingembre ou des pelures d’oranges biologiques pour ne nommer que celles-ci. Et un cidre chaud (non alcoolisé) aux épices? Oh que oui!
Tout est question de gestion de risques et de choix éclairés. La femme enceinte doit être un peu plus prudente, mais je ne crois pas que cela implique de se priver de tout et de rien docilement. À chacune la responsabilité de prendre des décisions pour elle et son bébé.
J’ai mangé des huîtres fraîches durant mes grossesses, mais je n’ai pas consommé une goutte d’alcool. Et vous, qu’en pensez-vous de ces interdits? Que mangez-vous et qu’évitez-vous?
Sources:
Passeport Santé
Extenso
Santé Canada
La naturopathie au service de la périnatalité Tome 1 de Diane Bolduc-Boutin
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