Déchirures à l’accouchement : peut-on les prévenir ?

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Seulement le mot fait grincer des dents et fait serrer les fesses. Déchirures du périnée. Eurk. Cela, c’est sans parler de la copine qui donne des détails sur le nombre de points de suture qu’elles a reçus. Les spectres des lésions périnéales et/ou d’une épisiotomie planent au-dessus des futures mères (et pères) et les hantent. Voyez aujourd’hui un peu plus clair sur lesdites déchirures. Apprenez surtout comment vous pouvez mettre les chances de votre côté pour les éviter ou alors optimiser la guérison, le cas échéant.

Billet initialement écrit par Jessie Jalbert et mis à jour par Isabelle Roy le 30 mai 2019

Des cours prénataux pour prévenir des déchirures à l’accouchement ?

Soyez rassurées d’entrée de jeu, mesdames ! À moins d’avoir subi des traumatismes dans cette région auparavant, la peau de la zone périnéale et des tissus internes est relativement souple. Bien évidemment, l’élasticité de celle-ci varie d’une personne à l’autre… sauf que le corps de la femme est fait pour accoucher et donc, la nature a tout de même prévu qu’un bébé passerait par là. Vous avez compris que le périnée n’est pas conçu de papier de soie. Pourtant, il arrive qu’il subisse une lésion au cours de l’accouchement. En effet, certaines pratiques obstétricales peuvent faire augmenter l’utilisation des forceps et ventouses, qui du même coup, entraînent presque invariablement des déchirures périnéales. Heureusement, chez Mère et monde, on vous prépare, dans le cadre de nos cours prénataux et de notre livre « Nos cours prénataux à la maison » à utiliser la péridurale de manière à en minimiser les effets secondaires (dans la mesure du possible), mais également à réussir un accouchement naturel par des techniques de relaxation et de massages. On peut aussi vous aider à préparer un plan de naissance pour minimiser certaines interventions médicales. Par ailleurs, on vous propose des alternatives à la poussée dirigée dans une position non physiologique, laquelle traumatise davantage le périnée et les tissus.

Que faire d’autre durant la grossesse ?

Il y a donc des facteurs sur lesquels on peut agir. Le mouvement et la marche durant le travail et l’adoption de certaines positions en cours d’expulsion favoriseront également le déroulement de ce dernier ainsi qu’une présentation normale de votre bébé lors de la naissance. Par la même occasion, ils maximiseront la sécrétion d’endomorphines (une morphine naturelle) qui détendent et diminuent la sensation de douleur. En évitant la péridurale ou en optant pour une anesthésie faiblement dosée, la mère conserve mieux les ressentis associés à la poussée et elle peut alors pratiquer une poussée physiologique. Celle-ci demeure la meilleure façon de diminuer le risque de lésions importantes. On vous invite à lire notre billet La poussée n’est pas de la plongée en apnée pour avoir plus de détails sur ce stade de l’accouchement. Retenez que la poussée avec inspiration bloquée, couchée sur le dos en remontant la tête, est particulièrement traumatique pour toute la zone périnéale. Elle augmente le risque de déchirure, de descente et de prolapsus d’organes. Vous pouvez également demander à votre accompagnante à la naissance d’appliquer des compresses chaudes sur votre périnée lorsque celui-ci commence à se distendre, lors de la naissance de votre bébé.

Les exercices de Kegel sont-ils une bonne solution durant la grossesse ?

On nous pose souvent des questions concernant les exercices de Kegel. Nous ne les conseillons pas nécessairement en fin de grossesse. En effet, il n’est pas recommandé de tonifier au maximum une région que l’on souhaite plutôt détendre le plus possible à l’accouchement. En alternative, le massage du périnée peut parfois aider. Le périnée étant une zone qui se contracte et résiste lorsqu’on le touche, ce type d’étirement peut vous apprendre à le détendre au moment où la tête de votre bébé couronnera.

Ce ne sont pas toutes les mères « qui déchirent » à l’accouchement

Les déchirures périnéales ouvertes se calculent en grades, sur une échelle de 1 à 4, selon la région atteinte. Elles touchent dans l’ordre, la muqueuse vaginale, le noyau fibreux central du périnée, puis le sphincter anal externe, et enfin le sphincter interne et la muqueuse anorectale. Lorsqu’elles se produisent, le médecin ou la sage-femme les suturent dès la sortie du placenta. Même si vous n’avez pas reçu la péridurale, le donneur de soins anesthésie la région à réparer avant d’y faire quoi que ce soit. À ce moment-là, le processus peut s’avérer plus sensible, sans nécessairement être douloureux. Il est tout à fait possible de s’en sortir sans déchirure, avec une légère abrasion ou une éraillure qui ne nécessite que peu ou pas de points. Beaucoup de facteurs sont hors de votre contrôle, mais vous mettez toujours les chances de votre côté en suivant nos conseils et nos cours prénataux.

L’épisiotomie, qui consiste en une incision faite avec un ciseau, n’est plus pratiquée d’emblée au Québec comme ce fut le cas jadis. Il doit y avoir une justification médicale pour la pratiquer. On croyait auparavant qu’elle prévenait les déchirures plus profondes, de plus haut grade, mais ce n’est plus le cas depuis longtemps. Au contraire, une déchirure naturelle respecte les fibres des tissus, contrairement à une épisiotomie qui les fragilise encore plus. La réparation d’une déchirure constitue un plus grand défi pour le médecin ou la sage-femme puisque celle-ci ne se produit jamais en une belle ligne droite. Cependant, la guérison en est de loin facilitée.

Après l’accouchement, que faire en cas de déchirures ?

Parlant de guérison… Si vous n’avez subi qu’une éraillure à votre périnée, la douleur ressemble plutôt à une brûlure, plus présente au moment d’uriner. Prenez une bouteille à petit goulot, et remplissez-la d’eau tiède avant de passer à la salle de bain. Lorsque vous urinerez, faites simplement couler l’eau sur la vulve en même temps. Pour les déchirures plus importantes, des bains de siège avec l’usage d’un beigne sont tout indiqués ainsi que des compresses d’hamamélis. N’hésitez pas à utiliser le beigne pour vous assoir et ne demeurez pas dans une position inconfortable ou douloureuse. Vous pouvez très bien nourrir votre bébé couchée sur le côté, ou inclinée dans un fauteuil. Inutile de savonner les points plusieurs fois par jour, à moins d’infection. Si cela vous soulage, vous pouvez asperger les points d’eau fraîche régulièrement dans la journée. Portez la protection sanitaire la plus mince possible pour vos besoins afin de limiter la friction, et changez-la fréquemment. En pratiquant les exercices de Kegel, vous favorisez également la cicatrisation. La zone étant très bien vascularisée, elle guérit rapidement. Les points fondent en l’espace de 10 à 15 jours et il est important de masser la cicatrice pour l’assouplir dès que possible. Pour ce faire, utilisez une huile végétale. Sans grande surprise, les grades  3 et 4 exigent plus de patience au niveau de la guérison. Il est possible qu’une rééducation périnéale soit nécessaire auprès d’une physiothérapeute. Sur ce, on vous invite à parler du sujet à votre accompagnante à la naissance Mère et monde durant les cours prénataux et après l’accouchement.

 

2019-05-31T08:22:54-04:0030 mai, 2019|

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