accouchement-papa-mere-et-mondeQuel horrible sentiment que celui d’avoir l’impression que notre accouchement fut un échec. Pourtant Maman et Bébé vont bien, n’est-ce pas le plus important? Bien sûr, mais il y a plus que ça. Tendez l’oreille… « Ce sera le plus beau jour de ta vie! », « C’est l’ultime accomplissement de la femme! », « J’ai fait ça comme une chatte ma fille, tu vas voir c’est facile! »  Les attentes sont élevées, la pression est énorme finalement. Si tout ne se passe pas « comme prévu », la culpabilité n’en est que plus forte. Les raisons de ce sentiment d’échec abondent. Ce peut être à cause d’un travail plus long que ce à quoi on s’attendait, une impression de manque de contrôle, des interventions trop abondantes, une péridurale qu’on ne souhaitait pas au départ, un manque de soutien, une naissance prématurée, une césarienne, et j’en passe. Quoi qu’en disent les autres, votre déception est bien réelle. Et aujourd’hui, j’aimerais, sans prétention, vous aidez à y voir plus clair.

Pas facile de démêler ce gros nœud, hein? Parlez-en, ou mieux encore, écrivez.  L’avantage de l’écriture, c’est qu’il nous permet de ne pas nous censurer, de tout cracher tel quel sur papier sans blesser qui que ce soit. TOUT ce qui vous passe par la tête, écrivez-le. Oui, vous en noircirez des feuilles! Ensuite prenez du recul et allez-y étape par étape pour panser votre blessure. Demandez aux personnes présentes, votre conjoint par exemple, de vous parler de votre accouchement. Qu’est-ce qu’il a vu, comment s’est-il senti?

Vous voulez des faits? Demandez une copie de votre dossier d’accouchement aux archives médicales. Lisez-le, notez vos questions et demandez des réponses à votre donneur de soins. L’intervention qui vous paraissait inutile est peut-être tout à fait justifiable ou alors, au contraire, vous aurez la confirmation que tel ou tel geste aurait pu être évité. Vous avez le droit de savoir et ils ont le devoir de vous expliquer. Tout cela vous sera très utile pour la rédaction de l’autre lettre dont je vous parlerai plus bas.

En ayant les faits, vos impressions et celles des autres personnes présentes, il est plus facile d’y voir clair. Pas nécessairement d’y trouver entière satisfaction, mais c’est un début. Vous aurez probablement plus de facilité à isoler ce qui vous a donné ce sentiment d’échec ou de culpabilité. Servez-vous de cette mise au clair pour faire la paix avec vous. Un accouchement est un évènement qui échappe à toute notion de contrôle, sans exception. Je dis souvent que la seule chose que l’on peut tenter de contrôler, c’est ce qui se passe entre nos deux oreilles. Et encore, tout dépend du déroulement de l’accouchement! Donc peu importe ce qui s’est passé et ce qui n’a pas fonctionné comme souhaité, vous avez fait ce que vous avez fait avec les connaissances que vous aviez à ce moment-là.  Rien de plus, rien de moins.

Pour vous aider à faire les paix avec les autres, je vous suggère de rédiger des lettres de communication non-violente. Pour chaque personne envers qui vous avez  du ressentiment, écrivez d’abord une lettre de défoulement pour faire sortir le méchant. Réécrivez ensuite la lettre avec la méthode CNV, en prenant de ne pas culpabiliser l’autre : expression des faits de façon objective, ensuite des émotions (je me sens…), des besoins (j’ai besoin de…) puis une demande (veux-tu…?). Vous avez le choix de la remettre à la personne concernée, ou non. Cet exercice s’est avéré très libérateur pour certaines. Une cliente, qui avait envoyé une copie à un médecin, a eu la grande surprise de recevoir une réponse d’excuse! Ne le faites pas dans l’espoir de recevoir un aveu de la personne visée, mais bien pour vous libérer de ces sentiments négatifs qui vous étouffent.

En terminant, je vous offre une grosse accolade virtuelle. Si vous avez envie de partager vos expériences, ne vous gênez surtout pas.